On dit souvent que Phuket, c’est surfait. Trop de monde, trop de scooters, trop de vendeurs de bracelets phosphorescents, trop de bruit, trop de russes en claquettes (ou trop de Français qui râlent sur les russes en claquettes, ce qui revient au même). Bref, trop de trop.
Mais en vrai, Phuket est une illusion bien ficelée. Une île pleine de recoins secrets, de plages cachées comme des bonus de jeux vidéo, accessibles uniquement après des virages en lacets, des escaliers improbables, ou une discussion avec un chauffeur de tuk-tuk qui connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un. Et crois-moi : ces plages-là, tu ne les oublies pas. Parce qu’elles ne crient pas. Elles chuchotent.
Naithon Beach : le sable fin des initiés
Commençons par Naithon Beach, parce que cette plage mérite une standing ovation dans un silence religieux. Située au nord-ouest de l’île, juste en-dessous de l’aéroport, Naithon est la plage préférée de ceux qui n’aiment pas les plages pleines. Ceux qui cherchent le calme, la beauté naturelle, et la possibilité de faire une sieste sans se faire frôler par une perche à selfie.
La première fois que j’y suis allée, c’était sur un coup de tête : “Tiens, si on allait là où personne ne va ?”. Résultat : une route bordée d’arbres, une pente douce, et puis soudain cette vision de rêve — une crique immense, bordée de cocotiers, avec une mer aussi lisse qu’une mangue bien pelée. Zéro jet ski, zéro musique, juste le clapotis et le bruit de tes tongs qui tombent dans le sable.
Les locaux viennent y marcher le matin, les chiens dorment à l’ombre des filaos, et parfois, un marchand de jus passe en chantant doucement. J’ai commandé une noix de coco, il m’a raconté qu’il était ancien danseur de cabaret à Patong. Je l’ai cru, parce qu’il coupait les fruits avec une grâce franchement suspecte.
Et puis, l’eau. Claire, chaude, accueillante, avec juste ce qu’il faut de vague pour que tu puisses t’y perdre doucement sans paniquer. J’y ai flotté un matin, seule, à regarder le ciel changer de couleur. C’est là que j’ai compris que le luxe absolu, ce n’était pas un resort avec piscine à débordement… mais un moment comme celui-là, sans personne pour te regarder exister.
Et puis je suis rentré et j’ai profité de l’incroyable Pullman Arcadia à proximité. Un séjour vraiment hors du temps.

Ao Sane Beach : le bijou caché sous la jungle

Tu veux une plage secrète-secrète ? Une crique qu’on atteint en descendant une route qui ressemble à l’entrée d’un parking de série B ? Bienvenue à Ao Sane, mon endroit préféré pour jouer à Robinson Crusoé (mais avec Wi-Fi).
Située tout près de Nai Harn, Ao Sane n’est même pas indiquée sur tous les GPS. Il faut traverser un resort (le Nai Harn, justement), descendre une mini-route en béton, longer un grillage, éviter deux chiens endormis, et BAM — la jungle s’ouvre sur une plage minuscule, ourlée de rochers et d’eaux cristallines.
Ce n’est pas une plage de carte postale lisse. C’est une plage brute, rugueuse, vraie. Des coraux, des rochers, des poissons visibles à l’œil nu. Le genre de lieu où tu plonges avec un masque acheté à 4 bahts au marché, et tu nages avec des poissons-papillons comme si tu étais dans Le Monde de Nemo. Sauf qu’ici, y’a un petit resto planqué dans les arbres où on te sert un curry de crabe qui pourrait déclencher des larmes de gratitude.
Un matin, j’ai oublié le temps. Littéralement. J’ai pris un café glacé sur un tronc flottant, regardé les crabes grimper sur les pierres, et oublié que j’étais une adulte avec une boîte mail pleine. Ao Sane t’enlève le stress comme on enlève le sable entre les orteils. Doucement.
Laem Singh : la plage pirate au passé trouble
Un peu plus au nord, entre Kamala et Surin, se cache Laem Singh, la plage la plus “interdite mais pas trop” de Phuket. Officiellement fermée il y a quelques années suite à une sombre histoire de conflit foncier (oui, c’est sexy), elle reste accessible à ceux qui n’ont pas peur de descendre à pied, discrètement, en souriant au garde comme si de rien n’était. Et crois-moi : ça vaut la descente. C’est une petite anse parfaite, bordée de rochers, avec une eau limpide et une ambiance James Bond en vacances. Tu poses ta serviette sur le sable doré, tu entends les feuilles frémir au vent, et tu as l’impression d’avoir découvert un trésor. (Et ce n’est pas qu’une impression.). Ici, pas de commerce, pas de musique, juste le silence, les vagues et le sentiment très net que tu fais quelque chose d’un peu interdit, donc forcément délicieux. Un jour, un type est sorti des buissons avec une glacière et m’a proposé une bière glacée. J’ai dit oui. Elle était à température parfaite. Depuis, je crois à la magie.
Bonus : Banana Beach, la bien nommée
Il y a des noms qui sonnent comme des promesses. Et Banana Beach en fait partie. Non seulement parce que ça évoque des cocktails fruités, des chemises hawaïennes mal repassées, et des vacances où personne ne regarde l’heure, mais aussi parce que cette plage, au nord de Naithon, porte son nom comme une caresse au cerveau. Pour y accéder, il faut déjà le vouloir. Un petit sentier étroit serpente à travers une végétation qui te dit “chut” à chaque pas. Tu passes sous des lianes, entre des troncs tordus, tu entends les cigales hurler leur passion du soleil, et puis soudain, entre deux rochers : la mer. La plage. La claque.
Banana Beach, c’est la beauté sans chichi. Une crique discrète, bordée de palmiers inclinés comme s’ils tendaient la main pour t’aider à faire la sieste. Le sable y est d’une finesse presque indécente — on dirait du sucre glace tombé du ciel. Quant à l’eau… oh, cette eau. Un vert clair presque irréel, quelque part entre le jade, la limonade et le rêve éveillé. Quand tu plonges dedans, tu disparais comme un bon souci au fond d’un mojito.
Ce qui rend le lieu encore plus magique, c’est son atmosphère préservée. Pas de parasols commerciaux, pas de vendeurs de lunettes criards, juste la mer, le sable, le vent, et ce sentiment rare : être à l’endroit exact où tu devais être. Ici, on ne fait pas la fête. On ne scroll pas. On respire, on flotte, on vit.

Le vrai Phuket, c’est celui qui se cache
Phuket, tu crois la connaître. Tu crois que c’est Patong, ses clubs poisseux, ses bouchons, ses shorts fluo. Tu n’as pas tout à fait tort. Mais derrière le rideau de fumée, il y a des plages comme des secrets d’enfance. Des criques où l’on entend son propre souffle, des eaux si claires qu’on voit le fond de soi-même, des chiens vagabonds qui te montrent le chemin comme des guides spirituels. Si tu prends le temps, si tu regardes derrière les collines, tu verras que Phuket a une âme. Un peu cabossée, un peu cachée, mais incroyablement précieuse. Et quand tu poseras ta serviette sur l’une de ces plages oubliées, loin des foules, tu comprendras : le paradis, ce n’est pas un endroit… c’est un instant où tu n’as plus besoin de parler.
Retrouves plus d’informations sur la Thaïlande avec notre mini-guide sur Bangkok, mon article sur Pattaya ou Chiang Mai. Et bien des hôtels bons plans pour mieux en profiter avec les magnifiques établissements du 137 Pillars ou le très authentique Pullman Arcadia.